"Serrez les bien fort mesdemoiselles ...
... les barres de sécurité bien sûr !" (à lire en prenant la voix de forain-DJ)
Voila une phrase qui résonne avec nostalgie quand je pense à la traditionnelle fête foraine qui sonne comme l'ultime divertissement avant la rentrée des classes.
En primaire, c'était l'occasion de retrouver les petits camarades perdus de vue à cause des départs décalés. Ravis de nous installer côte à côte dans les auto-tamponneuses, de trembler de trouille dans la château fantôme, de dévorer des barbes à papa et autres chiques.
On laissait notre dernière pièce de 5 francs dans l'heureux tunnel, la locomotive nous laissait une jolie boîte surprise dans laquelle on découvrait un trésor en plastique.
Au collège et au lycée, c'était le rendez-vous incontournable où tous les copains et les copines de mon âge se tenaient par la main de par deux ou pas :/ , où les garçons se défiaient, les gros bras se mesuraient avec la machine puis allaient tenter leur chance à la pince pour offrir à leurs belles d'affreuses peluches "je t'aime fort comme ça", où les "craint dégun" enchaînaient dix tours de Tagada ou quinze tours de chenille (le fameux "serrez les bien fort ..."), où les jolies filles faisaient mine de candeur en découvrant chaque année qu'en sortant du manège à obstacles, le forain se régalait à mettre la soufflerie à fond pour soulever leurs jupes.
Pères et fils s'adonnaient à la carabine ...
puis à la pétanque, en cassant un oeuf bien quillé dans la bûche afin de remporter une bouteille de piquette.
Et aujourd'hui, on reprend les mêmes et on se retrouve gros bidons moulés et/ou poussette à la main et/ou enfant sur les épaules. A nous l'oeil brillant devant une pêche aux canards fructueuse, l'appareil photo à la main pour immortabliser les tours de manèges.
La fête foraine n'a pas prix une ride, la voix qui crépite dans le micro est immuable, elle doit se transmettre de père en fils. La roue tourne.