Fier de l'être
Dans la vie il y a les Marseillais et ceux qui rêvent de le devenir. Non, on exagère à peine, c'est dans les gênes. Et puis exagérer n'est pas mentir.
Si ma carte d'identité ne stipule pas Marseille comme lieu de naissance j'ai tout de même entendu le parler marseillais pendant des années. Les fameux doryphores* qui montaient au ski, se gamellaient comme des bleus, et repartaient fiers comme Artaban, heureux de conserver à leur fermeture éclair de blouson le forfait attestant de leur présence sur les pistes d'une grande station de ski familiale.
Et puis je suis montée à la capitale. L'accent chantant camouflé, me trahissant lorsque je disais "rose" (selon le job c'est facile de zapper ce mot, mais moi je devais le prononcer régulièrement), j'avais droit à "Vous êtes de Marseille ?"
D'autres ne parvenaient pas à dissimuler l'accent chantant et se collaient à moi comme des expatriés prêts à sympathiser par tous les moyens juste parce qu'on avait ce petit truc en commun. Syndrome du franchouillard qui bondit sur l'occasion de te rabattre les oreilles qu'il situe ton ancienne adresse et rien que ça, ça le met en liesse.
Laissant dernière nous une vie trépidante et stressante, nous avons eu notre première boîte aux lettres à Marseille. Puis une seconde, et il a même fallu rajouter un prénom dessus. Effet d'éponge, sentiment d'appartenance au village (Marseille est un village), Le Mec a vite intégré le vocabulaire pagnolesque. Une chose est sure, Midinette est Marseillaise et elle entendra le son des cigales mais aussi de drôles de mots provenant de notre bouche ... mais surtout de celles des autres et là c'est un peu sans limite.
A l'oral je me surprends à employer ces expressions pittoresques. Ici je me tiens.
Mais comme l'an prochain la cité phocéenne fera sa belle à l'occasion de Marseille 2013 capitale européenne de la culture, je me sens d'âme généreuse de vous initier au parler marseillais. On ne se foulera pas trop, on est dans le Sud, doucement le matin, pas trop vite l'après-midi un rendez-vous hebdomadaire. C'est sans prétention et avec ma vision des choses. Si vous êtes du cru, vous pouvez faire les grandes bouches et rajouter votre anecdote.
Alors j'entends les tâtillons : 51 semaines, on est déjà le 24 janvier, ça commence en retard. Bé voui, c'est le célèbre quart d'heure marseillais, je suis à la bourre. Et puis si vous n'avez pas compris l'allusion au 51, peuchère ... J'ai une excuse toute trouvée : le week-end d'ouverture de Marseille 2013 tombe les 12 et 13 janvier donc dans 51 semaines.
Demain rendez-vous dans un lieu improbable pour moi qui fait vivre le coeur des Marseillais. Prenez vos écharpes !
* de l'expression "tiens, les doryphores arrivent" : comprendre les Marseillais débarquent et se sentent chez eux comme les ravageurs sur les plants de pomme de terre.