Tout va bien se passer
Oui, oui, je suis encore en vie. Croûlant sous la fatigue, le poids des rendez-vous, je lis des magazines de l'an passé dans les salles d'attente, parfois des revues qui ne sont pas françaises.
Midinette est sous les feux des projecteurs. Innocemment surnommée notre petit zèbre, il semblerait que cela en soit vraiment une d'après les spécialistes. Une avalanche de mots tombent sur elle : retard, précocité, grande intelligence, impatiente, difficultés relationnelles, solitude ... c'est bon tournée générale de Xanax ?
En première ligne de front, Bibi, pas forcément solide pour faire face aux discours violents malgré les pincettes.
Le coup de poignard hier, la voir prise en grippe par les "grands" et ne pas pouvoir agir, derrière ma vitre, le coeur serré avec l'envie de me téléporter et faire le leçon à ces grands dadets qui ignorent son état de souffrance sans avoir besoin qu'on ne vienne encore la terroriser.
Et me revoila à compter comme quand je travaillais. Compter les minutes de la récré, compter les jours d'école avant le week-end, avant les vacances.
Le yoyo permanent entre les sourires sur son visage le matin et l'angoisse lorsqu'elle se crispe à la vue des "méchants", ses confessions à la fin de l'école "j'ai peur, ils m'embêtent, me tapent mais il ne faut pas le dire au maître".
Préférer subir qu'alerter par peur de représailles, à 3 ans, voila ce que représente le temps collectif pour elle.
Tout va bien se passer ne vous inquiétez pas. Le refrain que je ne supporte plus d'entendre.
Alors je compte les progrès et je m'accroche à mon mouchoir.
Vous savez c'est long. Oui j'ai bien compris, mais je suis déjà à bout.
Vivement 11h30 que l'on soit en week-end.