Le jardin des couleurs révélées
Julien Fidon, architecte DPLG / Adrien Roman, scénographe
France
Le jardin "Couleurs révélées" fait intervenir consécutivement et conjointement la matière et la lumière : matières florale, aquatique, micro organique et lumière pleine, absente, changeante. Si ce n'est un spectre colorimétrique découpé en longueurs d'ondes et guidant le visiteur dans la grammaire lumière/matière, ce jardin est au coeur d'une prairie uniformément noire et blanche. Dans la serre au contraire, la lumière fait place à l'obscurité, les couleurs éclatent. La matière s'efface, et ne se révèle plus que par flashes luminescents, sous l'impulsion de réactions chimiques et de variations de lumières programmées.
Absorber, réfléchir
Selon la composition de sa matière, une plante absorbe une partie des longueurs d’onde de la lumière du soleil. La longueur d’onde réfléchie, privée d’une de ses composantes, révèle alors la couleur qu’un observateur peut voir. Ainsi, les plantes blanches renvoient quasiment toutes les longueurs d’onde du spectre visible, alors que les noires les absorbent presque toutes.
Dans le jardin noir et blanc un fil fleuri symbolise l’ensemble des couleurs du spectre visible.
Apparaître, exister
Pour assurer leur reproduction, les plantes à fleurs font très souvent intervenir en tant que vecteur de pollinisation certains animaux (insectes, oiseaux …). Elles ont développé des signaux destinés à attirer ces animaux : les couleurs.
De la même manière, certains phytoplanctons océaniques se développent mieux dans l’estomac des poissons. La nuit ils produisent de la lumière comme une couleur pour exister visuellement, et invitent les poissons à les ingérer.
Dans la serre obscure des fleurs rouges, vertes et bleues apparaissent et disparaissent, selon le principe de la synthèse additive, au rythme d’une animation lumineuse alternant rouge, vert et bleu. En face un dispositif automatique montre la couleur du plancton toutes les trois minutes.
(Textes Festival des jardins)