16.02.15
La ménagère parle à la ménagère
Supermarket Lady - 1969 - Duane Hanson
Il m'arrive d'endosser le rôle de la ménagère de moins de 50 ans, la nana lambda qui a un mec, une mioche, un porte-monnaie et une télé.
Je suis conviée à donner mon avis en tant que ménagère, ça m'hérisse le poil mais j'ai deux motivations : primo, le dédommagement, secondo changer la soupe qu'on nous sert.
Alors pour le dédo, il ne faut pas rêver la ménagère ça coûte rien, mais ça rapporte gros pour la boîte qui presse les citrons.
Changer la soupe, là ça relève du challenge.
Je fais le caméléon pour les sélections. La ménagère aime les grands groupes d'agroalimentaires, se nourrit de programme télé de daube et adooore regarder les pubs, c'est son moment culturel à elle.
Je mange Danone donc je suis. Et quand je ne suis pas devant 4 mariages et une lune de miel, je ... ah ben oui, je mate NRJ12 sur mon smartphone. Par contre si je croise du jambon Monique Ranou je saute sur l'occasion, que dire quand je croise Pierre Martinet, le traiteur de ces dames, je saute au plafond et m'accroche à la gondole. J'aime les produits de marque, parce que c'est signe de qualité. Et puis il n'y a pas meilleur, ça se saurait.
Voila le topo. Oui je prends sur moi, j'endosse le rôle de quiche lorraine. Mais la nature revenant vite au galop, ça m'échappe je ne peux pas me contenir.
Non je ne cautionne pas qu'une marque nous joue une énième version de la mama qui se fade les courses, la préparation du repas, et arrive comme un coeur à table et que son pack family (mec + garçon + fille = la vie rêvée) lui dise "youpi c'est enfin prêt".
Oui mais voila, si je croise quelques yeux qui se soulèvent, ça ne suffit pas. Non parce que le rouleau compresseur est là.
"Moi je me retrouve, pour moi c'est ça le rôle de la femme, faire la cuisine et le ménage et voir ma famille heureuse de partager le repas que j'ai préparé, c'est comme une mission que j'ai rempli."
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Pardon ? en France, en 2015 ?
Et en fin de réunion, le tour de table est accablant. Parce que les quiches légèrement éveillées craignent qu'on ne leur remette pas le chèque si jamais elles disent que la vision est archaïque. Hop, on valide le projet pub, vous verrez bientôt le spot à la télé.
Enfin moi non, vu que je la regarde très peu, les infos et des reportages en replay donc sans pub.
Avec des quiches pareilles, les pubeux ne sont pas près à casser le moule.
Vous savez donc que les pubs nulles sont validées par des panels constitués de brochettes de nanas qui ont des cerveaux disponibles.


Commentaires
tu as pas du te marrer... mais comme tu dis tu ne subiras pas puisque tu n'es pas un tv addict... pour ma part, pas fachée d'avoir renoncé à avoir une télé il y a 10 ans, et encore moins après avoir lu des articles comme le tien! (évidemment, je shématise, les marketeux ne sont pas que là, mais je m'épargne déjà une bonne dose d'énervement quotidien!)
J'ai halluciné, la nana avait le même âge que moi. Mais pas la même valeur de sa place dans la société. Et elle ne pratiquait pas le second degré. Les autres, pas mal de moutons, la peur de décevoir. A coup sûr, des séquelles de l'école.
Quand nous étions à Paris, j'avoue avoir beaucoup tiré partie de ces réunions. Sur le plan financier, mais j'ai aussi pris de l'assurance pour prendre la parole et défendre mes arguments, et bien souvent joué la comédie pour tenir le rôle attendu par le recruteur qui de toute façon cherche un mouton à 5 pattes. J'étais jeunette et c 'était formateur. Ici, c'est navrant.
une fois une journaliste voulait que je parle de chocolat pour une émission pour France 5 ...malheureusement elle a glissé dans la conversation que j'incarnerais la ménagère de moins de 50 ans et là elle a signé son arrêt de mort (ou plutôt le fait qu'il était hors de question que je participe)...cela a peut-être une réalité sociologique mais je déteste être catégorisée de la sorte, être réduite à cela ...j'aurais eu les poils qui se hérissent si j'avais assisté à ta réunion : )