L'oeuf de Colomb
L'an passé le jour de Pâques, j'ai fait le pied de grue devant une pâtisserie. N'ayant pas commandé, j'ai pris parmi ce qu'il restait. Au choix un gâteau unique avec le risque qu'il ne plaise pas à tous ou assurer le coup et prendre des gâteaux individuels. Après avoir demandé la composition d'un des rares gros gâteaux et abandonner cette option face à la réponse plus qu'évasive et expédiée, j'ai demandé 8 petits gâteaux. Entre temps la cliente derrière moi m'a sorti que je n'étais qu'une égoïste en ce jour saint, qu'elle aurait aimé avoir certains de mes gâteaux.
J'ai halluciné. La preuve que la foi s'arrête bien souvent sur les marches de l'église pour les grenouilles de bénitier.
Je n'ai pas fait d'esclandre surtout que la patronne du lieu a levé les yeux au ciel, acquiesçant avec la phrase de trop : "certains posent des questions pour rien et changent d'avis". Au prix du gâteau, oui, je suis en droit de réfléchir pour faire plaisir à mes convives. Surtout que je suis une cliente régulière.
Cette année, je pourrais prendre les devants et commander. Mais avec les commerçants, j'ai le profil de la rancunière.
[J'ai déjà zappé un macaronnier de la ville qui m'a prise de haut, lorsque je lui ai suggéré de faire si possible des macarons à la fleur d'oranger et si possible à la pomme verte, mes parfums chéris chez Ladurée (la pomme verte est un parfum abandonné par l'enseigne). Sa réponse m'est restée en travers. Alors oui ce monsieur fait et vend ce qu'il veut mais qu'il ne me dise pas que c'est du n'importe quoi ces parfums.]
Alors cette pâtisserie ne me reverra pas à Pâques, d'autres cloches s'y rendront, je ne me fais pas de soucis pour eux.
Cette année j'ai envie de simplicité et de fantaisie à la fois. Et je l'avoue un petit effet de surprise pour ma famille qui ne connaît pas du tout la blogo où la recette qui sera à la fête y est vue et revue. Une idée simple et ingénieuse, il suffisait d'y penser (d'où le titre du billet). Je suis modeste, je leur dirai que je n'ai fait que copier d'autres filles extras comme elle et elle en fourguant au passage ma basique et fidèle recette de financier.
Pour assurer le coup, j'ai testé la cuisson dans la coquille hier. J'ai envoyé Le Mec et Midinette me chercher des pâquerettes. Et voila ce que cela donne.
Pour faire 8 oeufs surprises, hop c'est parti !
- Préparation des oeufs : avec la pointe d'un tire-bouchon, on casse la coquille de l'oeuf jusqu'à obtenir un trou de diamètre suffisant pour introduire plus tard la poche à douille. Une fois le trou fait, on secoue l'oeuf au-dessus d'un ramequin. Le blanc tombe facilement. Il reste le jaune à libérer au-dessus d'un autre ramequin à l'aide d'une pique à brochette ou d'un cure-dent. Si jamais le jaune est tombé avec le blanc, on met de côté ce ramequin. On ne prend aucun risque on fait un oeuf après l'autre avant de mettre les blancs tous ensembles.
Ensuite on lave les coquilles. On les plonge dans un saladier rempli d'eau salée. On les fait couler et patauger 30 minutes.
Après ce bain, on les rince à l'eau froide et on les laisse sécher sur du papier absorbant.
- La recette : celle des financiers ! que l'on double de peur de ne pas avoir assez de pâte pour remplir les coquilles. Puis on a 8 blancs sous la main alors autant les passer. Il faudra prévoir d'autres moules pour écouler le surplus. Il faut donc 260 g de sucre glace, 100 g de poudre d'amande, 100 g de farine, 150 g de beurre fondu, 8 blancs d'oeufs. On mélange le sucre glace, la farine et la poudre d'amandes avec un fouet. On ajoute les blancs et on fouette pour obtenir une pâte homogène.
- Le remplissage : on prépare le moule, un moule à cannelés ou muffins par exemple. On dispose dans chaque empreinte une couche de papier aluminium qui maintiendra droite chaque coquille.
On utilise un sachet de congélation dont on coupe un angle, la poche à douille du pauvre ou de celui qui n'aime pas la vaisselle post-pâtisserie. On remplit les coquilles au 3/4. (Attention moins, la pâte cuite ne comblera pas toute la coquille. Plus, la pâte va monter, déborder voire faire exploser la coquille. Si ça dépasse, ce n'est pas fichu, un coup de lame de couteau, du papier absorbant pour nettoyer les bavures. En cas d'explosion, là, il n'y a pas grand chose à sauver niveau esthétique.) S'il y a des coulures, on nettoite avec du papier absorbant mouillé.
- La cuisson : 20 minutes dans un four préchauffé à 180°C, comme des financiers classiques.
Voila à quoi ressemble un financier cuit dans la coquille.
Si par malheur certaines coquilles ont explosé, on peut récupérer le coup en l'ôtant en totalité. Si la pâte a monté comme une brioche à bosse, on coupe ce qui dépasse.
Je vous suggère de poser une seule pâquerette si vous avez un doux message à faire passer.
Si vous êtes sous la neige ou cernés de béton, il reste l'option plumes.
Si vous ne voulez pas arriver les mains vides chez quelqu'un ou que vous voulez faire un cadeau à un instit, un facteur, un voisin, vous pouvez offrir une boîte d'oeuf, un coup de bombe sur la boîte, un gros ruban et voila.
Enfin si vous avez des invités qui partagent un humour potache, je vous invite à glisser un vrai oeuf parmi les coquetiers ah ah ah qui sera la victime ?
Un dernier conseil, comme il reste un peu de temps avant Pâques, je vous recommande de mettre de côté les coquilles au fur et à mesure, cela épargnera à vos estomacs de digérer des omelettes aux jaunes d'oeufs.
Coquetier Ikéa 365+ (1.99 €) - 24 Napperons Cultura (2.49 €) - Plumes roses Cultura (1.19 €) - Pâquerettes (du jardin)