Une ville finit par être une personne*
Le roi de la jungle urbaine ne craint dégun
*Ca c'est Victor Hugo qui le dit.
Moi ce que j'en dis c'est que Marseille est une pièce de théâtre et selon les jours on passe de la comédie pagnolesque à la tragédie phocéenne.
Les protagonistes ont dans le sang cette facilité à jouer l'esbrouffe, à s'inventer un monde, à tricher, à mentir, à exagérer, à décupler leurs émotions, et forcément ils ont dans leurs tirades de sacrées perles et un "parler" à eux.
Et dans cette galéjade (= façon de voir les choses de manière exagérée), on peut dire que les Marseillais sont au-dessus des autres. La preuve, ils ne craignent dégun. Dé-gun ? oh non pas de kalachnikov dans le scénario, mais dégun, c'est-à-dire "personne". Et oui, fiers et sûrs d'eux les Marseillais ne craignent personne.
2600 ans d'histoire pour en arriver à clamer haut et bien fort qu'on ne craint personne.
Pour les moins téméraires dégun sert uniquement à indiquer qu'il n'y a pas un chat, pas foule, personne : "Y a dégun !"
En tout cas, je vous assure que le mot "dégun" est un véritable traceur, et tôt ou tard les Marseillais se font repérer en l'utilisant dans d'autres contrées, à Paris par exemple car les Marseillais aiment la capitale mais ils ont les choquottes de le dire.
Craignent dégun mais chez eux.
Le dico 51 est un rendez-vous hebdomadaire jusqu'à l'inauguration de Marseille 2013 dans 45 semaines (précédemment : aller au ballon, un jaune, gadji / gadjo, gâtés, minot, Caramantran).