BZH positif
Petite je m'étais dit qu'autant l'amour de ma vie habitait au bout du monde, ne parlerait pas ma langue et que j'aurais à ramer pour le trouver. Je l'imaginais vivre au Laos, au Burkina, ou au Pakistan.
En fait, j'avais vu le bout du monde trop loin. Il vivait au bout de la Terre et parlait français, on a vu plus trépidant et exotique comme rencontre.
Depuis, j'ai appris que le monde entier parle breton, j'ai vu de mes yeux des drapeaux Gwenn ha du partout, surtout là où on ne les attend pas. Le Breton est partout et forcément comme je ne suis pas exceptionnelle, j'ai aussi droit à mon exemplaire unique.
Un petit bigouden, plus pur breton tu meurs. Et quand on vit avec un Breton, on signe pour des vacances d'été à vie en Bretagne. Alors la première année, on déguste ! acheter des collants en juillet par ici, c'est impossible, là-bas, c'est normal ("puis aussi Heidi, on t'a déjà dit ici faut venir en pantalon"). Prendre le bateau, humer le gasoil, s'apercevoir qu'on ne voit plus trace de la vie terrestre, vomir ses tripes et se dire que pour le retour il faudra encore affronter les vagues.
Se plier à la boisson locale. S'habituer au beurre salé, se faire arnaquer avec les crêpes au chocolat qui sont en fait garnies de beurre salé fondu et de cacao en poudre (et mon Nutella ???). Traquer les bigoudènes (pas la fausse qui vend ses broderies et qui a son téléphone portable accroché à son tablier). S'habituer aux parkas jaunes (typiques du Parisien qui pense se fondre parmi les autochtones), aux rayures marine Armor Lux. Choper des ampoules car il faut remettre des chaussures fermées. Découvrir que le crachin est l'ennemi du mascara non waterproof.
Renoncer au carambar au profit du salidou. Ecrire des cartes postales aux copines, leur dire que la mode est aux vestes en polaire Quechua bleu pâle, rouge ou marine. Aller à la pêche à pieds, découvrir les algues (qui puent). Boire du cidre fermier brut (qui arrache la gorge). Baragouiner deux mots pour faire plaisir. Vivre de longs blancs quand tout le monde se régale avec le plateau de fruits de mer. Croire qu'on peut aller se baigner par 17°C. Faire une cure contrainte de galettes ... tout ça c'était presque du gâteau breton jusqu'à cette année où j'ai croisé "Chotten".
Mais chère Bretagne je t'ai dans la peau (c'est pour l'expression, je n'ai pas de tatouage breton) ... et un jour je t'aurais peut-être dans le sang ... et j'achèterais des t-shirts taille 2 ans"Petit(e) Breton(ne)". Et comme tous les Parisiens en vacances en Bretagne, je dirais "nous sommes Bretons de par ma grand-mère/mon père/mon mari/ma demi-soeur" (rayez les mentions inutiles) car tout le monde se trouve une parenté bretonne, si, si, cherchez bien !