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Une note blanche
6 juillet 2010

Tourner les pages

livres_tag_flou

A 6 ans, on apprécie de quitter le CP en sageant lire, et on découvre la joie du "livre de l'été". OK, Picsou fait l'affaire !

Je me rappelle des vacances à la mer avec le marchand de magazines qui hurlait dans son mégaphone. La foule quittait les serviettes et les rabannes pour rejoindre le cul du fourgon. Les lots étaient faits de sorte à séduire la totalité de la famille : Femme Actuelle de l'année d'avant (mais au final rien de bien gênant tant qu'il y avait le dossier spécial jeux), Top cuisine (bon c'était peut-être le moins adapté à la location de vacances), Système D qui allait occuper l'esprit des papas (quand j'étais petite, les mamans n'allaient pas au rayon bricolage), les mots fléchés-casés-croisés-en-zig-zag (le sudoku n'existait pas) et le Journal de Mickey ou Picsou selon le lot (fallait pas s'attendre à un "J'aime lire" avec les aventures de Tom-Tom et Nana) . En cadeau, le marchand offrait le crayon pour faire les jeux et parfois un bob (dans les années 80 c'était à la mode). Pour 15 francs (oui, je suis vieille), nous avions l'impression d'avoir acquis des pépites, cela nous occupait plus ou moins longtemps.

Par la suite, les instits (on ne disait pas "professeurs des écoles", c'était l'époque où on appelait un chat un chat) nous faisaient coller la liste des livres de l'été dans le cahier du jour. Tu parles d'une sélection ! Je tapais directement dans la bibliothèque rose ou verte familiale, je n'avais pas besoin qu'on me dise ce que je devais lire. En prime aucun album de Mafalda dans la liste ! ça valait la peine que ma mère lui offre un cadeau de fin d'année, pff !

Au collège et au lycée, j'avais compris que pour acheter la paix sociale pour 9 mois (oui, si tu ne le sais pas la durée d'une année scolaire en France est la même que celle d'une grossesse) je me devais de lire au moins un "livre bien", un de ceux qui font croire que tu enrichis ta culture personnelle, que tu pioches dans la bibliothèque familiale, que tu partages la connaissance, qui te permettra de caser des citations dans les rédactions, bref qui achètera sans backchiche les profs de lettres (là encore à mon époque on disait "prof de français" c'était assez ambitieux pour des dictées en classe de 6è).

A la fac, j'ai pris peur avec la liste non exhaustive des livres à lire. Déjà, ça commençait très mal puisque la plupart n'étaient plus édités, ou devaient être consultés sur place (trop pratique), ou empruntés à la Villa Noailles, la fac de Milan (en prime des livres en italien, bon pour moi ça ne posait pas de problème).

Au travail, c'est retour à l'école avec des lectures imposées. Pour tout vous dire, je n'ai jamais lu en entier cette fichue "Peau de chagrin" en classe de 1ère. Ca me gonflait ! je me tapais toujours des sales notes aux "contrôles de lecture" avec des questions pointilleuses pour piéger ceux qui n'avaient pas ouvert le livre, et en plus impossible de tricher, le prof alternait les questions selon la rangée. Si je suis passée entre les mailles du filet, là je ne peux plus y échapper. Je lis ce qu'on m'oblige à lire. Comprendre tout et n'importe quoi, et parfois partiellement (ceci dit un chapitre de Twilight concernant une histoire de panier à linge m'a suffit).

Aussi, quand je vais à la FNAC (c'est mal je ne vais pas chez un petit libraire) j'achète avec frénésie tout ce qui me semble être bien. Aucun critère de sélection, du tout venant (comme à la déchetterie). Les achats faits, je stocke les livres. Parfois je les lis plusieurs années après (c'est dire si le coup de coeur était si flagrant).

Flou m'avait tagué concernant ma façon de choisir mes livres, voila mes lectures du moment (le moment c'était fin juin). J'avais commencé la semaine avec "Eloge de rien". Intriguée par le titre, la 4ème de couv' "Qui vit content de rien possède toute chose." Editions Allia, 3 € les 58 pages.

Extrait pour vous donner envie de le lire (ou pas) : "J'ajouterai encore que la plupart de nos poètes sont des grands diseurs de Rien ; que ce qui fait la plupart du temps tout le mérite de nos orateurs, ce sont ces Riens brillants, enchâssés dans de grandes paroles, et étalés avec pompe ; que mille tendres Riens font l'occupation de presque tous ceux qui aiment ; qu'on amuse quelquefois les plus grand shommes avec des Riens, que la plupart de nos conversations pleines de petits Riens agréables, qui réjouissent et divertissent le plus ; que la plus grande partie des hommes s'occupent de Rien, et s'étudient à Rien ; que tout le fruit que nous retirons de nos veilles, et toutes nos études est moins que Rien au sentiment même de Socrate ; car ce grand philosophe qui lut, étudia toute sa vie, et qui fut jugé le plus sage des mortels par l'Oracle d'Apollon, que savait-il selon son propre aveu ? Rien. Hoc unum scio, quod nihil scio. Je ne sais qu'une chose, disait-il, qui est que je ne sais rien. [...] Qu'est-ce que l'homme apporte avec lui en venant au monde ? Rien. Qu'en remporte t-il, quand il est mort ? Rien. [...] Il y a beaucoup de gens de qualité, et quelques partisans qui ont de belles bibliothèques ; mais qu'en lisent-ils ? Rien. [...] C'est parce que de mon naturel je m'amuse, et me fais des plaisirs de Rien ; c'est qu'en un mot je suis charmé de Rien faire, ou de faire des Riens. Il était bien juste qu'ayant tant de sujets de me louer de Rien, je fisse par reconnaissance l'Eloge de Rien."

Le lendemain, j'ai lu Au secours pardon de Beigbeder. Le Livre de poche, 6,95 € les 316 pages.

Le Octave de 99 F était plutôt bien passé (lu en parallèle avec N'oublions pas les jeunes - L'Abbé Pierre, autant dire le choc des lectures). J'avais dû lire L'amour dure trois ans (et me souviens avoir eu droit à "tu lis quoi ?" euh une serveuse qui se fait doigter rien de bien intéressant à partager :D ) c'est long quand c'est nul. En parallèle, je n'étais pas bien loin cette fois avec Hell de Lolita Pille, la fournée ! Là, Au secours ... tout court ! je crois qu'il n'y a que le pope qui pourrait tendre à faire croire que l'exotisme russe puisse convaincre le lecteur qu'il ne s'agit pas d'un chapitre "bonus" des livres précédents.

Extrait (j'ai ramé pour en trouver sans avoir chatte, bite, couilles) : "L'industrie du confort prévoit une quantité effrayante de distractions pour occuper notre esprit. Mais n'est-ce pas plutôt pour nous empêcher de nous en servir ? Ce n'est pas une nouveauté (Platon et Pascal avaient remarqué depuis longtemps que l'être humain fuit la réalité ) mais le phénomène s'est accéléré. L'homme n'a plus qu'une idée : se changer les idées. [...] J'adore aussi "Délivre-nous du mal". C'est dingue. Les gens qui ont rédigé ces textes étaient des malades génaux ! ils ont créé le Prozac Universel gratuit. "Ne nous soumets pas à la tentation délivre-nous du mal, amen." Slogan dément ! Le monde actuel vit carrément à l'opposé : presque tous les gens avec lesquels je travaille sont payés toute la journée pour soumettre les autres à la tentation. C'est notre job : tentateurs. "

Dans la foulée, j'ai commencé à lire Kiffe kiffe demain de Faïza Guène. Je l'avais vu en plateau du JT de 13H de France 2, interviewée par Elise Lucet (j'ai une mémoire d'éléphant !). Le Livre de Poche, 5 € les 189 pages.

Extrait : "Plus tard, moi, je voudrais travailler dans un truc glamour, mais je ne sais pas où exactement ... Le problème, c'est qu'en cours, je suis nulle. Je touche la moyenne juste en arts plastiques. C'est déjà ça mais je crois que pour mon avenir, coller des feuilles mortes sur du papier Canson, ça va pas trop m'aider. En tout cas, j'ai pas envie de me retrouver derrière la caisse d'un fast-food, obligée de sourire tout le temps en demandant aux clients :"quelle boisson ? menu normal ou maxi ? sur place ou à emporter ? pour ou contre l'avortement ?" Et me faire engueuler par mon responsable si je mets trop de frites à un client parce qu'il m'aurait souri ... C'est vrai, ça aurait pu être l'homme de ma vie celui-là. Je lui aurais fait une réduction sur son menu, il m'aurait emmenée à Hippopotamus, m'aurait demandée en mariage, et on aurait vécu heureux dans son sublime F5."

Achats de samedi dernier : Petit éloge de la vie de tous les jours de Franz Bartelt, Folio, 2 € les 140 pages et Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau et Dominique Simonnet, Editions du Panama, 5 € les 121 pages (ça me paraît bien léger, on verra si c'est un concentré de sémiologie).

Sont tagués les gens qui passent par ici et ont envie ... vu que bon nombre ont déserté le net.

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Commentaires
L
Kiffe kiffe demain: il me semble être le seul que j'ai lu dans le lot!!!
B
Flou a bien fait de nous tagger, finalement j'aime beaucoup savoir comment les autres lisent ;-)
V
99F est une vérité si vraie !
X
Et petit éloge de la vie de tous les jours il est bien ? j'avais dit à flou que je le ferai le tag, quand j'aurais le temps, donc je te dis la même chose ^^
P
Beigbeder, j'ai commencé avec 99F, et je ne l'ai meme pas fini tellement je n'ai pas accroché.<br /> Par contre faiza guène, génial si tu as aimé kiffe kiffe demain , elle en a fait deux autres apres ;)<br /> le petit livre des couleurs est joli toujours :)<br /> Bonne lecture !
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