A la lumière du noir
C'est marrant dans le numéro d'Octobre de L'esquisse (édité par Canson), l'accent est mis sur les Impressionnistes. Le poster offert est Le bal du moulin de la Galette de Renoir. Youpi ! Le visuel favori des fabricants de chocolats bas de gamme et des calendriers vendus par les facteurs.
Gros soupir !
Et c'est sans compter le nombre de fois que j'ai pu entendre :
"ah oui, mais au moins on comprenait avec les Impressionnistes, moi l'art contemporain, je trouve ça nul, y a quoi de beau dans une compression de César, y a pareil à la casse, des autos compressées !"
"tu vois, moi, les impressionnistes m'envoûtent, j'ai même les Nymphéas au-dessus de mon canapé"
"pour moi, l'art, le vrai s'est arrêté avec les impressionnistes, après ça ressemble plus à rien"
Je vous ferais grâce de mon combat contre ces idées toutes faites. J'ai aussi un peu laissé tomber le combat. Je fais du tri sélectif mais il y a toujours un boulet dans le coin pour me tanner avec ses putains d'impressionnistes, même boulet qui aime tant ce mouvement qu'il n'a jamais mis les pieds au Musée d'Orsay, mais qui doit se faire des indigestions de chocolats premier prix à chaque réveillon. Chacun son mode pour appréhender l'art.
Dans ce même fascicule, il y a une page sur la rétrospective consacrée à l'oeuvre de Pierre Soulages.
Cette utilisation quasi maniaque du noir, l'expérience unique de la lumière provenant du noir, voila ce que je vous incite à (re)vivre en allant à Beaubourg.
Alors là, oui, on tombe dans le parfait exemple du cas où il est INADMISSIBLE de se contenter d'un visuel, d'une photo sur internet, d'un DVD. Je n'affirme pas que pour les autres, on peut se passer des expos. Une peinture de Soulages c'est comme le bleu Klein, tant que tu n'en as pas vu, tu ne sais pas à quel point c'est une expérience unique.
Je me souviens de chaque "Soulages" que j'ai pu voir : des installations classiques et d'autres moins conventionnelles, notamment une minuscule expo dans des anciens abattoirs, deux oeuvres dans ce lieu si singulier. Rien n'y fait, mon oeil est toujours capté avec autant de force à chaque fois.
Un tour à Beaubourg s'impose ! (avant le 8 mars 2010)