Apesanteur de la matière
Odile Decq, Agence Decq-Cornette, paysagiste
Peter J. Baalman, directeur Agence Decq-Cornette, chef de projet
France
Défi ultime du jardin, puisqu'aucune plante n'est jamais totalement ni vraiment noire. Et pourtant le noir peut être lumière, comme le dit Soulages et Matisse a toujours affirmé que "le noir est une couleur". Ce jardin-installation est un simulateur d'espace qui attire le visiteur dans une virtualité physique. Si dans une chorégraphie le corps danse pour décrire l'espace, ici, dans ce jardin l'espace danse pour le corps. Ce jardin-installation est simple. Il s'apparente au cabinet de curiosité, mais cette fois en extérieur. Qu'il pleuve, qu'il fasse gris ou beau, la pluie, les nuages comme le soleil, en se mirant dans les glaces et la pièce d'eau, vont renforcer les effets et les rendre dynamiques. Une limite de glaces noires métalisées sans être tout à fait miroir redessine les limites du jardin en ovale. L'absence d'angles, les glaces noires nombreuses inclinées de manière non régulières, posées sur chevalet à l'arrière, reflètent et démultiplient les formes absorbant dans le noir, les réflexions avec distorsion. Un sol noir fait de fins copeaux de pneus absorbant sous les pieds, recouvre la surface doucement travaillée et creusée jusqu'à une parcelle végétale plantée d'ophiopogons noirs. La limite des glaces fait chicane à l'entrée pour immerger le visiteur, seul ou en groupe, dans ce kaléidoscope noir.
(Texte Festival des jardins)